Travail du sexe en Uruguay : des amendes plus élevées pour les gérants de lieux de prostitution

par 24 septembre 2025

Travail du sexe en Uruguay : un large front réclame des changements dans la loi

uruguayenne sur le travail du sexe , avec une approche fondée sur les droits et des sanctions plus strictes pour les travailleurs du sexe.

Le gouvernement uruguayen estime que la loi de 2002 sur le travail du sexe a marqué un tournant dans la région. Elle a reconnu cette activité, en a réglementé les aspects fondamentaux et a établi un cadre juridique précis. Cependant, plus de deux décennies après sa mise en œuvre, les législateurs du Front large estiment que la situation actuelle nécessite une révision approfondie.

Réforme du droit dans une perspective du travail

La nouvelle proposition vise à éliminer une approche qualifiée de « punitive et hygiénique », la réglementation relevant jusqu'à présent des ministères de l'Intérieur et de la Santé publique. Le Front large réclame plutôt une réglementation fondée sur la reconnaissance du travail du sexe comme une activité professionnelle légitime, assortie de droits et d'obligations clairs.

La Coalition du Front Large promeut la réforme du travail du sexe en Uruguay.
La coalition Front large a présenté des réformes concernant le travail du sexe en Uruguay, avec des sanctions plus sévères pour les responsables d'établissements. (DANTE FERNANDEZ / AFP)

Les droits des travailleurs au centre des préoccupations

Le projet de loi dénonce les abus auxquels les travailleuses du sexe sont actuellement confrontées : amendes lorsqu’elles refusent de servir des clients, pressions pour consommer de l’alcool ou de la drogue , retenues salariales excessives, et même réintégration forcée quelques jours seulement après un accouchement. Le projet de loi prévient que ces pratiques ne seraient tolérées dans aucune autre relation de travail.

Des amendes locales plus sévères

L'initiative prévoit des sanctions plus sévères pour les entrepreneurs qui enfreignent la réglementation. Les amendes actuelles, comprises entre 5 et 100 unités d'amende ajustables (environ 230 à 4 600 USD), seraient portées à 10 à 200 UR (460 à 9 200 USD). De plus, la possibilité de remplacer la sanction par des travaux d'intérêt général est supprimée, car jugée inadéquate pour ce type d'infraction.

Comportements interdits et contrôle

L'article énumère également les pratiques expressément interdites aux propriétaires : fixer des horaires rigides, imposer un contrôle aux clients, forcer la consommation d'alcool ou de drogues, confisquer des documents ou des effets personnels, et prélever un pourcentage sur les prestations, ce qui est qualifié de proxénétisme. La facturation de services annexes, comme la location de chambres, est autorisée, mais sur présentation de reçus officiels et d'une tarification transparente.

Un débat au Parlement

Le Parlement va maintenant analyser la proposition, qui promet de susciter un large débat social et politique . Le Front large insiste sur le fait qu'il s'agit d'un changement de paradigme : passer d'une surveillance sanitaire et policière à un cadre de droits du travail visant à protéger les personnes qui choisissent le travail du sexe comme moyen de subsistance.

Le débat sur le travail du sexe en Uruguay n'est pas nouveau. La loi de 2002 avait été saluée à l'époque comme une mesure pionnière en Amérique latine, car elle reconnaissait officiellement une activité historiquement marginalisée et criminalisée. Cependant, au fil du temps, des critiques ont émergé de la part d'organisations sociales et d'universitaires, soulignant que le cadre juridique était insuffisant pour garantir des conditions d'égalité et de sécurité.

Le débat actuel s'inscrit dans un contexte plus large : dans des pays de la région comme l'Argentine et le Chili, il n'existe toujours pas de réglementation claire, ce qui fragilise les travailleuses du sexe. L'Uruguay, quant à lui, cherche à maintenir son modèle régional en s'orientant vers un modèle axé sur les droits du travail et la protection contre les abus.

Le Parlement uruguayen débat d'une réforme du travail du sexe en 2025
Le Parlement uruguayen analysera la réforme du travail du sexe promue par le Front large. (Sénat)

Le projet de loi du Frente Amplio répond également aux revendications de longue date des associations de travailleuses du sexe, qui dénoncent depuis des années le manque d'outils efficaces pour lutter contre les pratiques coercitives dans certains établissements. En incluant un catalogue de comportements interdits, l'initiative vise à combler les vides juridiques qui ont jusqu'à présent permis l'exploitation et le harcèlement.

Pour ses partisans, la mise à jour de la loi est non seulement une question de justice sociale, mais aussi de santé publique et de coexistence démocratique. En reconnaissant le travail du sexe comme une profession soumise à des règles claires, l'objectif est de réduire la stigmatisation, d'offrir une plus grande sécurité à ceux qui l'exercent et de garantir un cadre transparent aux établissements qui opèrent dans le respect de la loi.

Le débat parlementaire sera certainement marqué par des positions diverses : de ceux qui réclament une protection accrue à ceux qui estiment que la réglementation pourrait légitimer un phénomène controversé. En réalité, le projet de loi promet de susciter un débat intense au sein de la société uruguayenne, où se croisent les perspectives juridiques, politiques, sanitaires et de droits humains.

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