MADRID, 20 (EUROPA PRESS)
Amnesty International a dénoncé mercredi la « brutalité » avec laquelle le Mouvement du 23 mars (M23) – soutenu par le Rwanda – et les milices Wazalendo – affiliées à Kinshasa – opèrent dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), notamment des exécutions sommaires, des actes de torture, des viols, des disparitions forcées, entre autres violations des droits humains.
« La brutalité des parties belligérantes ne connaît pas de limites ; ces atrocités visent à punir, intimider et humilier la population civile, alors que chaque camp tente d'affirmer son contrôle », a déclaré Tigere Chagutah, directeur de l'ONG pour l'Afrique de l'Est et l'Afrique australe.
L'ONG a conclu que les deux camps « violent le droit international humanitaire » avec des actes qui, prévient-elle également, « pourraient constituer des crimes de guerre », qu'elle détaille dans le rapport « Ils ont dit que nous allions mourir : abus commis par le M23 et Wazalendo dans l'est de la RDC ».
Le document compile ces violations grâce aux témoignages de plus de 53 victimes et témoins interrogés par Amnesty International. Parmi eux figurent des « rescapées de viols collectifs, des victimes d'abus, des proches de victimes d'homicides illégaux, de détention ou de disparition forcée, des membres de la société civile, des défenseurs des droits humains », ainsi que des juristes, des médecins, des travailleurs humanitaires et des journalistes. L'organisation s'est également appuyée sur des preuves audiovisuelles et des rapports de médias locaux et internationaux et d'organisations de défense des droits humains, ainsi que sur des déclarations officielles du M23, mais pas de l'armée congolaise, qui n'a pas répondu à une demande d'information de l'ONG.
L'organisation a dénoncé le fait que « les femmes ne sont en sécurité nulle part » dans cette région du pays africain, après avoir entendu le témoignage de 14 survivantes de violences sexuelles, dont huit aux mains du M23, cinq aux mains des combattants de Wazalendo et une victime d'un membre de l'armée congolaise. « Elles sont violées chez elles, dans les champs ou dans les camps où elles cherchent refuge. Le monde doit dire : « Assez, c'est assez. » Toutes les parties au conflit doivent donner la priorité à la protection de la population civile, notamment des femmes et des filles, qui continuent d'être les plus touchées par ce conflit », a ajouté Tigere.
Amnesty accuse également le M23 de procéder à des exécutions sommaires, d'attaquer des hôpitaux, d'enlever des patients, de torturer et de faire disparaître de force des civils, tout en soulignant la « militarisation croissante » dans l'est de la RDC alors que l'armée congolaise fournit « de grandes quantités de munitions et d'armes » à la milice Wazalendo.
À cet égard, il a appelé le président de la RDC, Félix Tshisekedi, à « honorer son engagement en faveur de la justice et de la responsabilité et à veiller à ce que les combattants de Wazalendo qui ont commis des crimes soient traduits en justice et que les autres soient démobilisés et réintégrés dans la vie civile ». « Il est temps », a-t-il soutenu.
Il a également exhorté le Rwanda à « s'assurer que toutes (ses) forces de défense en RDC respectent le droit international humanitaire », rappelant à Kinshasa et Kigali qu'elles « ne peuvent plus se soustraire à leur responsabilité » dans le conflit.
En outre, il a demandé aux autorités qataries de « faire pression » sur le M23 pour qu'il abandonne les « enlèvements et disparitions forcées » et aux États-Unis de faire de même afin que le gouvernement congolais « mette en place un mécanisme de contrôle pour identifier et exclure les membres des groupes armés et les agents des forces de sécurité qui pourraient avoir participé à la commission de graves abus ou violations des droits de l'homme ».