Affaire Danza : « Demander un rapport à ce Jutep n'offre aucune garantie », a déclaré Niffouri

par 23 août 2025

Le Conseil de transparence et d'éthique publique (Jutep) analyse actuellement une éventuelle incompatibilité entre Álvaro Danza, médecin interniste et enseignant de CM2, qui préside l'Administration des services de santé de l'État (ASSE) et travaille simultanément pour trois mutuelles privées. Cette affaire a immédiatement déclenché une confrontation politique : alors que les Blancos et les Colorados exigeaient sa démission, le gouvernement a serré les rangs pour le défendre.

L'affaire a été portée à l'attention de Jutep suite à la plainte d'un particulier. La vice-présidente de l'agence a expliqué que l'affaire devait rester confidentielle jusqu'à la publication d'une déclaration du conseil d'administration. Cependant, la présidente Ana Ferraris a précisé qu'aucun délai n'était fixé, ce qui laissait le dossier ouvert et accroissait l'incertitude.

Un double rôle remis en question

Danza, en plus de diriger l'ASSE, qui compte près de 1,5 million d'utilisateurs, continue de prodiguer des soins à l'Association espagnole, à l'Association médicale uruguayenne et au Centre de santé communautaire de Soriano. Il dirige également l'Unité médicale clinique universitaire 2 de l'hôpital Pasteur. La question récurrente est de savoir s'il est compatible pour le président du plus grand acteur public de santé de maintenir une activité privée aux intérêts croisés.

Lorsque le gouvernement a envisagé sa candidature à la présidence de l'ASSE, Danza a commandé une expertise juridique au cabinet Delpiazzo. Cet avis, rendu en décembre, excluait toute incompatibilité, mais suggérait de consulter Jutep. Cette démarche n'a jamais été concrétisée, et ce n'est qu'après sa nomination que l'agence a été invitée à publier un communiqué.

Critiques de l'opposition

Le représentant du Colorado, Felipe Schipani, a été catégorique : « J’ai peu d’espoir quant à la décision du Jutep, étant donné qu’il s’agit d’un organe politique. » Il a déclaré qu’il était difficile de croire que cette décision aille à l’encontre de la position déjà exprimée par la ministre de la Santé, Cristina Lustemberg, et le président Yamandú Orsi, tous deux favorables à Danza.

Le Parti Colorado a directement exigé la démission immédiate du leader. De son côté, le Parti national a critiqué la composition actuelle du Jutep (Jutep), qui compte deux membres pro-gouvernementaux et un troisième membre de l'opposition. Pour le député Amin Niffouri, « demander un rapport dans ces conditions n'offre pas les garanties nécessaires ».

Soupçons sur l'indépendance

Niffouri a ajouté qu'un rapport Jutep composé uniquement de deux membres pro-gouvernementaux ne constituerait guère plus qu'un « avis gouvernemental », et a souligné que l'avis de Delpiazzo avait été sollicité par la personne concernée. Le manque d'indépendance semble être un élément central du débat.

Le député du Parti blanc a averti que son parti analysait les mesures parlementaires et que des rapports avaient déjà été demandés à des experts constitutionnels reconnus. L'une des premières mesures pourrait être de convoquer le ministre de la Santé au Parlement pour qu'il fournisse des explications.

Le parti au pouvoir s'enracine

Du côté du Front Large, la stratégie consistait à protéger Danza. Le représentant Federico Preve répondit sèchement aux Blancs : « Ne menacez pas de convoquer la ministre, convoquez-la et c'est tout, sinon ce ne sera que pure supercherie. » Cette déclaration révéla le climat de tension qui régnait autour de cette affaire.

De son côté, le sénateur Martín Lema a accentué la pression en déclarant que « le président de l'ASSE ne peut pas être à temps partiel ». Selon les Blancs, il est contradictoire d'exiger une augmentation des salaires des dirigeants de l'ASSE en raison du dévouement requis, alors que Danza continue de travailler à temps plein pour des prestataires privés.

Une définition qui n'arrive pas

L'issue dépend désormais de Jutep, bien que l'agence n'ait pas fixé de délai. Ce manque de clarté alimente les tensions politiques et le sentiment que l'affaire pourrait s'éterniser. Pendant ce temps, Danza continue d'assumer son double rôle, bénéficiant du soutien du pouvoir exécutif et de la méfiance de l'opposition.

Cette controverse révèle une fois de plus la difficulté du système politique uruguayen à garantir une transparence totale aux postes clés. Pour certains, l'affaire Danza est un exemple d'incompatibilité flagrante ; pour d'autres, une attaque partisane. En réalité, tant que la Jutep (Commission nationale de santé publique) n'aura pas pris de décision claire, cette question continuera de dominer l'agenda sanitaire et politique du pays.

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