« Ma vie, ma fin » : le cri de Beatriz Gelós après l'approbation partielle de l'euthanasie en Uruguay

par 16 août 2025

La Chambre des députés uruguayenne a franchi une étape importante dans le débat sur la mort digne en approuvant un projet de loi autorisant l'euthanasie. Avec 64 voix pour et 29 contre, l'initiative est désormais soumise au Sénat, suscitant d'énormes attentes dans une société qui débat de cette question depuis des années. Cette étape législative est particulièrement émouvante pour des personnes comme Beatriz Gelós, une professeure d'espagnol retraitée de 65 ans atteinte de sclérose latérale amyotrophique (SLA). Pour elle, cette nouvelle est un « immense soulagement » et la possibilité de pouvoir décider elle-même de sa fin.

Gelós a reçu un diagnostic de SLA en 2008 et, depuis, sa vie, autrefois faite de sport et d'énergie, s'est lentement effondrée. Avec un déclin progressif qui l'a rendue incapable de bouger, de se laver ou même de se gratter, ses nuits sont devenues un véritable enfer. « Les draps brûlent », dit-elle avec difficulté. Malgré le pronostic vital qui lui a été donné en 2010, elle est toujours là, mais avec une qualité de vie de plus en plus dégradée. Les progrès de la loi sont la lumière au bout du tunnel qu'elle a tant attendu.

Le projet de loi, qui pourrait faire de l'Uruguay le deuxième pays d'Amérique latine, après la Colombie, à légaliser l'euthanasie, prévoit que toute personne majeure, pleinement capable de discernement, peut la demander si elle souffre d'une maladie incurable et irréversible, est en phase terminale ou éprouve des « souffrances insupportables accompagnées d'une grave détérioration de sa qualité de vie ». La volonté du patient peut être révoquée à tout moment.

Au cours des 14 heures de débat, les discussions ont été houleuses. Le député Federico Preve, du parti au pouvoir, le Frente Amplio, revenu au pouvoir en 2025, a affirmé que la loi était une question d'« amour, d'humanité et d'empathie ». Il a également déclaré que son approbation finale ferait de l'Uruguay une « référence en matière de droits » dans la région.

En revanche, de fortes voix d'opposition se sont élevées. Luis Satdijan, député du Parti national, s'est interrogé sur la nécessité pour la société d'offrir « la mort comme réponse à la souffrance ». Dans le même ordre d'idées, Andrés Grezzi a soutenu que lorsque l'État valide l'idée que certaines vies ont moins de valeur, « il cesse d'être un garant inconditionnel des soins ».

Gelós, qui se dit catholique mais qui parfois « ne croit pas en Dieu », a une réponse directe à ceux qui proposent les soins palliatifs comme seule option. « Ils ne savent rien, ils ne comprennent rien », a-t-elle déclaré. Pour elle, les opposants n'ont aucune idée de ce que signifie vivre au quotidien avec une douleur aussi insupportable. Au milieu du travail législatif et des divergences d'opinion, sa lettre, lue à la Chambre par un député, a permis de mettre un visage sur la réalité de ceux qui aspirent à cette loi : « Ma vie serait plus digne si je pouvais me laver, écrire à la main, téléphoner, me gratter. »

L'affaire est désormais entre les mains du Sénat. Alors que la vie de Beatriz Gelós continue d'avancer « très lentement », elle espère, comme d'autres patients, que la loi sera enfin adoptée. Pour elle, à 65 ans, pouvoir décider est une tranquillité d'esprit qui vaut de l'or.

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