Conditions inhumaines dans le système pénitentiaire uruguayen
Le système pénitentiaire uruguayen est confronté non seulement à des problèmes d'infrastructure, mais aussi à une profonde crise de gestion. Selon le rapport du commissaire parlementaire, le système pénitentiaire uruguayen reproduit l'exclusion sociale, accumule la violence et viole les droits fondamentaux. Réformer le système pénitentiaire uruguayen implique de repenser le modèle de sanctions pénales, de revoir l'utilisation excessive des prisons et de garantir des conditions de détention décentes aux personnes condamnées.
Le document, rédigé à la fin de son mandat, dénonce le manque d'accès aux soins médicaux, aux programmes de réadaptation et aux espaces éducatifs pour des milliers de détenus. Cette situation, prévient Petit, constitue un « état inconstitutionnel » au sein des prisons du pays, où la privation de liberté devient une sanction qui dépasse le cadre du système judiciaire.
Lire la suite : Rapport final de Juan Miguel Petit en tant que commissaire parlementaire
Un système qui reproduit l'exclusion et la violence
Au-delà des murs, l'impact du système carcéral touche les familles, le personnel pénitentiaire et des communautés entières. Dans un pays où la population vieillit et diminue, le nombre de personnes incarcérées représente un fardeau démographique considérable. Pour Petit, le recours excessif à la prison comme réponse pénale est lié à des problèmes sociaux plus profonds, tels que l'exclusion, la santé mentale et la pauvreté.
« Le recours excessif à la prison pour des comportements qui nécessitent d'autres types d'intervention est révélateur », a déclaré le commissaire. Selon lui, le système actuel non seulement ne parvient pas à réhabiliter , mais accumule également la violence qui se répercute ensuite dans la société.
Manque de ressources et gestion inefficace
Le rapport met également en garde contre le financement du système pénitentiaire, qui « tend à devenir impossible ». Les prisons manquent de budgets suffisants pour fonctionner efficacement, ce qui impacte la santé publique, la sécurité des citoyens et les possibilités de réinsertion. Petit propose de retirer la gestion des prisons du ministère de l'Intérieur afin de gagner en autonomie et en efficacité.
« Le manque de ressources affecte de multiples dimensions : les droits humains, la santé, la sécurité et la capacité des personnes à se réinsérer », indique le document. Selon le commissaire, ces pénuries « gagnent la bataille » contre la société.
Des réformes qui ne suffisent pas
Ces dernières années, un soutien technique, des protocoles d'action et des espaces éducatifs ont été intégrés dans certains centres. Cependant, Petit soutient que ces avancées sont insuffisantes face à l'ampleur du problème. Pour inverser la situation, une accumulation soutenue de politiques publiques visant l'intégration sociale .
« Le système doit se transformer en un moteur d'inclusion, et non en une usine à exclusion », a-t-il déclaré. Pour y parvenir, il propose de renforcer les processus socio-éducatifs et de briser le cycle de la violence de l'intérieur.

Mesures alternatives et rédemption de peine
L'une des propositions les plus convaincantes du rapport est de réduire le recours à la prison comme seule réponse pénale. En Uruguay, on compte deux personnes incarcérées pour chaque personne faisant l'objet de mesures alternatives, alors que les pays dotés de systèmes plus inclusifs présentent le ratio inverse. Pour Petit, l'élargissement des sanctions non privatives de liberté est plus efficace, moins coûteux et plus juste socialement.
Il propose également que tous les crimes soient éligibles à la libération conditionnelle, même les plus graves. « L'Uruguay n'a pas de peine de prison à vie. Tôt ou tard, tout le monde sortira. Il faut une lumière, même lointaine », a-t-il déclaré. La proposition a suscité la controverse, mais Petit insiste sur le fait que la réinsertion doit être l'objectif central du système.
Une politique pénale qui nécessite une révision structurelle
Le rapport de Petit dénonce non seulement la situation actuelle, mais remet également en question le modèle de sanctions pénales en vigueur en Uruguay . Selon le commissaire, le pays a historiquement abusé de la prison comme outil de contrôle, sans évaluer son efficacité réelle en termes de sécurité, de réhabilitation et de réinsertion. « La prison ne peut être la seule réponse à la criminalité. Nous devons construire un système plus intelligent, plus humain et plus efficace », a-t-il déclaré.
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À cet égard, Petit propose d'évoluer vers une politique de justice pénale privilégiant la proportionnalité, la prévention et l'intégration sociale. Cela implique de réviser le Code pénal, de renforcer le système de mesures alternatives et de garantir que les peines privatives de liberté soient véritablement exceptionnelles. Il suggère également que l'État joue un rôle actif dans la création d'opportunités pour ceux qui sortent du système, en veillant à ce que la récidive ne soit pas la seule issue.