MADRID, 23 (EUROPA PRESS)
La Commission suprême pour les élections de l'Assemblée du peuple syrien a proposé de reporter les élections législatives prévues en septembre dans les régions de Soueïda - suite aux conflits entre milices druzes et bédouines - et au Rojava, la région du Kurdistan syrien contrôlée par les milices kurdes-arabes des Forces démocratiques syriennes (FDS).
Un porte-parole de l'organe électoral a confirmé que le vote n'aurait pas lieu dans ces deux zones dans des déclarations à la chaîne de télévision kurde irakienne Rudaw, et la télévision syrienne a également confirmé cette information.
Syria TV cite notamment un document officiel de la Commission prévoyant de reporter les élections à Soueïda, Hassaké et Raqqa – gouvernées par l'Administration autonome du Nord et de l'Est de la Syrie (AANES) – pour des raisons de sécurité. Le porte-parole de la Commission, Nawar Najma, a expliqué à Syria TV que ce report vise à garantir une « représentation équitable » de ces trois provinces et que les sièges correspondants seront donc réservés jusqu'au scrutin.
La Commission a pris cette décision pour garantir « que des conditions appropriées et un environnement sûr existent » pour le processus électoral, a noté Najma.
La nouvelle législation électorale interdit aux anciens ministres et gouverneurs du régime du président déchu Bachar el-Assad de se présenter aux élections législatives. « Le système électoral provisoire interdit les candidats qui prônent la division, la sécession et recherchent des soutiens extérieurs, ainsi que les sympathisants de l'ancien régime », précise le règlement.
La nouvelle Assemblée du peuple comptera 210 membres, dont les deux tiers seront élus conformément aux nouvelles règles et un tiers réparti entre les différents gouvernorats en fonction de leur population. Le vote est prévu du 15 au 20 septembre.
Les relations entre le gouvernement de Damas et les autorités du nord-est de la Syrie se sont considérablement détériorées ces dernières semaines. Le 9 août, le gouvernement syrien a annoncé qu'il ne participerait pas aux pourparlers prévus à Paris avec les FDS, après avoir dénoncé l'émergence d'un processus parallèle à ses négociations d'intégration nationale.
Ce processus s'est manifesté lors de la conférence dite d'Al-Hasakah cette semaine-là, à laquelle participaient les FDS aux côtés de 400 personnalités politiques et religieuses, de chefs tribaux de diverses régions syriennes et de représentants de l'AANES. Les participants ont plaidé pour l'élaboration d'une nouvelle constitution et d'un système « décentralisé », une idée diamétralement opposée aux intentions de Damas.
Ce samedi, l'un des négociateurs kurdes, Sanharib Barsoum, a accusé Damas de faire des efforts subreptices pour dissoudre toutes les institutions civiles et sécuritaires de l'administration autonome.
Barsoum, chef du Parti de l'Union syrienne, a assuré à Rudaw que la délégation de négociation cherche à informer tous les secteurs de la société du nord-est de la Syrie sur l'avancement des pourparlers, se référant à la session tenue à Hassaké avec des représentants des organisations de la société civile.
Barsoum a noté que ce qui est devenu clair lors des tours précédents était que Damas « veut dissoudre toutes les institutions civiles, sécuritaires et militaires » de la région, tandis que l'administration autonome a un concept différent d'intégration, basé sur le lien des institutions avec leurs homologues de Damas sans les dissoudre, soulignant qu'il s'agit d'un point fondamental et qu'il reste une source de conflit.