Tension en haute mer
Les eaux de la Méditerranée sont redevenues le théâtre de tensions chroniques. Une mission se présentant comme humanitaire, la « Flottille mondiale du Sommet », naviguant avec pour objectif de briser le blocus et d'acheminer de l'aide à la bande de Gaza, a été interceptée ce mercredi par l'armée israélienne. Un militant manquait à l'appel : la figure la plus emblématique de l'environnementalisme mondial, la militante suédoise Greta Thunberg, a été arrêtée avec le reste de l'équipage et des passagers, dans une opération qui avive un conflit déjà intense.
La nouvelle a été confirmée par les canaux officiels du gouvernement israélien. Le ministère des Affaires étrangères a non seulement reconnu l'arraisonnement, mais l'a également présenté dans une vidéo publiée sur ses réseaux sociaux. On y voit un soldat israélien inspecter méticuleusement les affaires de Thunberg. Le message qui l'accompagnait visait à exprimer calme et maîtrise de la situation : « Greta et ses amis sont sains et saufs. » Selon le communiqué officiel, les passagers des bateaux interceptés étaient transférés vers un port israélien, dont il a été confirmé ultérieurement qu'il s'agissait d'Ashdod.
La justification officielle et la voix des militants
Pour Israël, l'action militaire était pleinement justifiée. Dans son communiqué, il a qualifié l'initiative de « flottille Hamas-Sumud », liant ainsi directement la mission humanitaire au Mouvement de résistance islamique, qu'il considère comme une organisation terroriste. De ce point de vue, l' opération était une mesure de sécurité nécessaire pour empêcher que des ressources ou un soutien ne parviennent à la bande de Gaza en dehors des canaux contrôlés par ses autorités.
Cependant, la version des organisateurs de la flottille dresse un tableau radicalement différent. Quelques heures avant l'arraisonnement, ils avaient déjà signalé une série de harcèlements de la part des forces navales israéliennes . Ils ont signalé l'utilisation de canons à eau contre leurs bateaux alors qu'ils se trouvaient à environ 110 kilomètres des côtes de Gaza , dans les eaux internationales. Plus inquiétant encore était le silence imposé : les militants ont signalé des interférences constantes dans leurs systèmes de communication et, à plusieurs reprises, la diffusion en direct de leur voyage a été brutalement coupée. Pour eux, il ne s'agissait pas d'un arrêt définitif, mais d'un acte de force visant à empêcher l'aide et la solidarité d'atteindre leur destination.
Un passage international et un symbole mondial
La présence de Greta Thunberg à bord amplifie l'incident à l'échelle mondiale. Connue pour son combat inlassable contre le changement climatique, sa participation à cette flottille marque un tournant, ou plutôt une extension, de son activisme vers d'autres causes de défense des droits humains. Sa détention n'est pas celle d'une militante anonyme ; c'est celle d'une icône générationnelle, qui veille à ce que le monde entier se concentre sur le blocus de Gaza et les tactiques employées pour le maintenir.
Mais Thunberg n'était pas seule. La flottille était une mosaïque de nationalités et de profils. Parmi les personnes détenues à bord du Sirius, l'une des trois personnes embarquées avec l'Alma et l'Adara, figuraient l'ancienne maire de Barcelone, Ada Colau, et une douzaine d'autres citoyens espagnols. La diversité de l'équipage souligne le caractère international d'une manifestation qui, année après année, cherche à remettre en cause une politique d'isolement qui a plongé la population de Gaza dans une crise humanitaire perpétuelle . Aujourd'hui, le sort immédiat de tous semble être le même : un centre de détention dans le port d'Ashdod et une expulsion plus que probable, transformant leur voyage humanitaire en une chronique de détention et d'expulsion.