Les autorités ivoiriennes ont arrêté mardi deux dirigeants du Parti du peuple africain (APP), le parti de l'ancien président ivoirien et actuel chef de l'opposition Laurent Gbagbo, après les avoir inculpés de plusieurs chefs d'accusation, dont celui d'incitation à l'insurrection, à moins d'un mois de l'élection présidentielle.
Nestor Dahi et Blaise Lasm ont été transférés dans une prison de la capitale ivoirienne, Abidjan, après avoir été détenus en garde à vue pendant plus de 24 heures, a indiqué le parti dans un communiqué rapporté par le site d'information ivoirien Koaci.
Les chefs d'accusation pour lesquels ils ont été arrêtés et interrogés ultérieurement comprennent, outre l'incitation à l'insurrection, l'atteinte à l'autorité de l'État et à l'intégrité du territoire national et le trouble à l'ordre public.
Le PPA a exprimé son indignation face à cette mesure qu'il a qualifiée d'«arbitraire et injuste», dénonçant une «tentative de répression» de l'actuel gouvernement ivoirien pour faire taire l'opposition face à ses «dérapages antidémocratiques».
Le parti de Gbagbo a également qualifié l'arrestation de ses membres d'« attaque » contre les libertés individuelles, notamment le droit à la liberté d'expression.
L'arrestation de Dahi et Lasm intervient moins d'un mois avant que les Ivoiriens ne se rendent aux urnes le 25 octobre pour une présidentielle dont ont été exclus le leader du PPA et le président du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), Tidjane Thiam.
Leurs candidatures ont été rejetées car la participation aux élections nécessite l'inscription sur les listes électorales, dont Gbagbo est exclu depuis 2020 suite à une décision de justice. Thiam n'est pas inscrit sur les listes électorales pour des raisons administratives, qu'il dénonce lui-même comme une tentative de le déloger de la course électorale.
Les processus électoraux de ces dernières années en pays ivoirien ont été marqués par des tensions, notamment après la guerre civile qui a éclaté en 2010, lorsque Gbagbo a refusé de reconnaître la victoire de l'actuel président ivoirien, Alassane Ouattara, qui brigue désormais un quatrième mandat controversé.